CENCO : Entre Foi et Controverse, la Place de l'Église dans le Débat Politique Congolais



Kinshasa, RDC – La Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) est de nouveau au cœur d'une vive polémique nationale concernant la nature et la sélectivité de ses interventions publiques. Alors que l'institution religieuse est censée être un phare moral, ses récentes prises de position soulèvent des questions fondamentales sur son rôle dans le paysage politique du pays.

Le silence face à l'Est, la réactivité face à Kabila

Au cours de l’année écoulée, les réactions publiques de la CENCO aux événements touchant l’ancien président Joseph Kabila ont été fréquentes. Cette récurrence contraste, selon plusieurs observateurs, avec le silence relatif des évêques face à la crise persistante dans l’Est du pays.

Le journaliste Litsani Choukran a particulièrement alimenté le débat, estimant que l'absence d'une condamnation ferme ou d'un message de compassion clair pour les populations soumises à des violences continues depuis plus de trois ans crée un déséquilibre moral difficile à ignorer.

« Dénoncer systématiquement les actions du pouvoir en place, tout en évitant de nommer les responsables des agressions dans l’Est, crée un déséquilibre moral difficile à ignorer. »

Pour plusieurs analystes, cette attitude soulève une question essentielle : l’Église catholique en RDC reste-t-elle fidèle à sa mission spirituelle, ou s’est-elle peu à peu transformée en acteur politique ?

Institution spirituelle ou instrument partisan ?

Les critiques traduisent une inquiétude plus large : celle de voir une institution religieuse respectée devenir le terrain d’expression d'ambitions partisanes. L'Église, selon ses détracteurs, devrait demeurer une voix de justice et de réconciliation, et non un instrument d’influence politique.

Cette situation met en lumière une tension constante et complexe inhérente au rôle de l'Église dans la vie publique congolaise. Si certains saluent son implication passée dans la défense des droits humains et l'organisation du dialogue, d’autres y voient aujourd'hui une ingérence qui affaiblit sa neutralité et ternit sa mission pastorale.

Le débat est ouvert : Faut-il redéfinir la place de l’Église dans le débat politique congolais ? Et comment l'institution religieuse peut-elle retrouver l’équilibre délicat entre la foi, la justice et la responsabilité sociale sans être accusée de jouer un rôle partisan ? L'Église doit-elle continuer à intervenir dans les affaires politiques du pays, ou se recentrer strictement sur sa mission spirituelle ?

À suivre...

Henry Fiti 

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