Dans les territoires de Beni et Lubero, dans la province du Nord‑Kivu en République démocratique du Congo, le spectre de l’insécurité continue de semer la mort. Les attaques attribuées aux rebelles ADF (Forces démocratiques alliées) se multiplient, provoquant colère, désespoir et demandes de responsabilité.
Une détresse qui s’amplifie
Les violences récentes dans la zone font état de dizaines de civils tués, de villages incendiés, de disparitions, selon les rapports des autorités et des humanitaires.
À Lubero, par exemple, l’attaque du village Ntoyo (secteur de Bapere) a fait au moins 71 morts.
Des attaques surviennent malgré des alertes répétées de la population locale concernant les mouvements suspects des ADF, et malgré les opérations militaires annoncées.
Silence ou passivité : les élus dans la ligne de mire
Les habitants, en particulier à Oïcha, Eringeti, Mbau, Butembo, réclament des comptes. Ils reprochent à des élus originaires de la région, tels que Julien Paluku Kahongya, Mwindo Nzangi, Antipas Mbusa Nyamwisi, Bindule Mitondeke, :
Une absence visible sur le terrain : peu de visites, peu d’engagement concret, surtout après les campagnes électorales.
Une communication réduite : rares prises de parole claires, peu de dénonciations publiques.
Un manque de pression politique : au niveau national, ces élus ne semblent pas user de leur influence pour exiger des moyens plus forts pour la protection civile.
Des réactions officielles… mais insuffisantes
Le gouvernement congolais condamne régulièrement les attaques. Dans l’affaire de Ntoyo, il a annoncé sa détermination à intensifier les opérations militaires.
La MONUSCO déplore les massacres, appelle au respect du droit international humanitaire, et renforce certains patrouilles conjointes avec les forces nationales.
Une mission parlementaire a même été dépêchée sur le terrain pour évaluer les dégâts et les besoins des populations.
Mais pour beaucoup, ces initiatives restent symboliques : elles ne répondent pas encore à la demande urgente de protection, de justice, et de responsabilisation.
Une exigence de redevabilité
À Beni‑Lubero, les citoyens formulent des attentes claires :
Une présence permanente des élus dans leurs régions touchées, pas seulement lors des campagnes.
Des actions concrètes, pas seulement des déclarations : plaidoyers à l’Assemblée nationale, interventions auprès du gouvernement central, collaboration avec les partenaires internationaux pour augmenter les moyens (forces armées, renseignements, infrastructures de sécurité).
Transparence : communication régulière sur ce qui est fait, ce qui ne fonctionne pas, et pourquoi.
Justice : enquête indépendante sur les responsabilités – qu’elles soient militaires, politiques, ou administratives.
En conclusion
Le drame des massacres à Beni & Lubero n’est pas nouveau, mais il se répète avec une cruauté et une constance qui fatiguent, exaspèrent, désespèrent. Le silence ou la passivité des élus régionaux – réels ou perçus – est devenu une accusation lourde pour une population qui réclame désormais non plus seulement la survie, mais la dignité, la justice, et la sécurité.
Gilbert Kabongo Kakunga
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