GOMA, Nord-Kivu, RDC – 20 Novembre 2025 – La rébellion de l’AFC/M23 maintient son refus catégorique concernant la réouverture de l’aéroport international de Goma, une mesure proposée notamment lors de la récente conférence humanitaire organisée par la France.
I. Accusation de "Business Humanitaire"
Lors d’un échange avec la presse à Goma, Yannick Tshisola, membre de la délégation de l’AFC/M23 aux discussions et directeur de cabinet du coordonnateur politique Corneille Nangaa, a accusé certaines organisations humanitaires d’être à l’origine du plaidoyer en faveur de la réouverture :
"Ce lobbying est fait par les humanitaires qui gagnaient sur le dos de la population... aujourd'hui que les camps qui étaient autour de la ville de Goma ont disparu et que tout le monde est retourné dans les villages, ces gens n'ont plus de business à faire... ils doivent parler de la situation alarmante dans cette zone pour recevoir des financements l'année prochaine. C'est ça même le lobbying de ces humanitaires qui sont allés agiter le gouvernement français."
M. Tshisola, ancien cadre du PPRD, soutient que la situation humanitaire dans les zones sous contrôle de l'AFC/M23 n’est plus alarmante, attribuant l'amélioration à la gouvernance mise en place par le mouvement.
II. La Responsabilité de la Fermeture et l'Impasse Sécuritaire
L’AFC/M23 accuse le régime de Kinshasa d’être responsable de la fermeture de l’aéroport, évoquant des raisons sécuritaires et politiques :
Sabotage des Infrastructures : M. Tshisola affirme que la coalition FARDC, FDLR, Wazalendo et consorts ont saboté les infrastructures (tour de contrôle, piste d'atterrissage) et laissé des mines antipersonnel avant de se retirer.
Actes du Gouvernement : Il évoque également la publication d'un NOTAM (Notice to Airmen) par le gouvernement de Kinshasa, contribuant à l'inactivité de l'aéroport.
Le cadre de l'AFC/M23 justifie la position du mouvement en raison du non-respect des engagements par Kinshasa (notamment la non-libération de prisonniers) et des violations répétées du cessez-le-feu :
"L'ouverture de l'aéroport de Goma n'est pas dissociable à toutes les mesures de rétablissement de confiance... Kinshasa n'a libéré personne."
III. Contexte et Appel des Médiateurs
L’aéroport international de Goma est fermé depuis l’occupation de la ville par l’AFC/M23, soutenue par le Rwanda, fin janvier 2025.
Le Président français Emmanuel Macron a pourtant qualifié la réouverture humanitaire de l’aéroport comme un signal concret, attendu et nécessaire pour les populations. Il compte sur l’appui des médiateurs, notamment le Qatar et les États-Unis, pour assurer sa mise en œuvre rapide.
Face à cette impasse qui retarde l’assistance humanitaire, de nombreux observateurs appellent les médiateurs à intervenir de manière plus décisive pour lever les blocages persistants entre Kinshasa et l’AFC/M23.
Jacques MVUMBI

0 Commentaires