L'Afrique est à l'aube d'une révolution numérique. D'après un récent rapport de Mastercard publié le 5 août, le marché de l'intelligence artificielle (IA) sur le continent devrait connaître une croissance fulgurante, passant de 4,51 milliards USD en 2025 à 16,53 milliards USD en 2030. Cela représente une croissance annuelle moyenne impressionnante de 27,42 %.
Un potentiel immense, malgré les obstacles
Cette projection témoigne du rôle stratégique que l'IA est appelée à jouer dans le développement économique de l'Afrique. Cependant, le chemin ne sera pas sans embûches. Comme l'explique l'expert camerounais en intelligence économique, Honoré Justin Mondomobe, la croissance de l'IA en Afrique pourrait être plus lente que sur d'autres continents. La raison principale ? La nature des données africaines.
"Le marché de l’intelligence artificielle en Afrique va nécessairement croître... mais ne va pas croître à la même vitesse que dans les autres continents parce que les données en Afrique sont encore orales," a-t-il souligné. "Il faudra donc des performances technologiques à l’intelligence artificielle pour capter et capitaliser les données orales parce que la valeur de l’Afrique, la culture africaine est d’abord orale donc il faudra un temps pour s’arrimer à cela et ce n’est pas demain la veille."
L'IA, un levier de transformation
Malgré ces défis, l'IA a déjà commencé à transformer des secteurs clés sur le continent. Le rapport, intitulé "Harnessing the transformative power of AI in Africa", prévoit que l'IA pourrait créer pas moins de 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne d’ici 2030.
Dans l'agriculture, l'impact est déjà visible. Au Ghana, l'entreprise agritech Farmerline a su tirer parti de l'IA pour augmenter la productivité agricole de 30 % en fournissant des données météorologiques et commerciales actualisées aux agriculteurs. Des exemples comme celui-ci démontrent le potentiel de l'IA à résoudre des problèmes concrets et à stimuler l'économie locale.
Cependant, des obstacles majeurs subsistent, notamment le manque d'infrastructures adéquates, un accès inégal à Internet et la rareté des centres de données, dont près de 70 % de la capacité se trouve en Afrique du Sud. Pour que l'Afrique puisse exploiter pleinement le potentiel de l'IA, il sera crucial de surmonter ces défis pour un avenir plus prospère.
Jacques MVUMBI
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