De Doha à Bruxelles : La Nécessaire Cohérence Stratégique de Félix Tshisekedi pour la Paix



Kinshasa, RDC – Le récent discours du Président Félix Tshisekedi à Bruxelles, en marge du programme Global Gateway, a été salué comme un acte « puissant, nécessaire et courageux » pour ramener la question de la paix en RDCau cœur d’un forum économique. Cependant, cet épisode met en lumière un enjeu stratégique majeur : celui de la cohérence absolue entre les positions diplomatiques et les actions du Chef de l'État.

Le Paradoxe de la Négociation Économique

La force de la position du Président à Doha était « cristalline » : pas d'accord économique sans paix préalable. Ce principe affirmait la dignité et la sécurité congolaises comme étant supérieures à tout contrat.

Toutefois, en se rendant à Bruxelles pour discuter du Global Gateway, un programme intrinsèquement économique, alors que la guerre fait toujours rage dans l'Est, le Président Tshisekedi a involontairement créé un paradoxe. Selon les analystes, cette présence, même pour y porter un message de paix, peut être interprétée comme une normalisation de l'inacceptable.

La question n’est pas de condamner le fond de son message, mais d’en tirer une leçon stratégique : on ne peut refuser de signer un accord à Doha en exigeant la paix, et s’asseoir à la table des négociations économiques à Bruxelles tant que la guerre persiste.

Une crédibilité maximale aurait pu être atteinte par un boycott de ces assises. Ce geste, interprété non pas comme une faiblesse, mais comme l'application rigoureuse du principe énoncé à Doha, aurait envoyé un message plus retentissant : « Le Congo est si sérieux dans son exigence de paix qu'il est prêt à s'absenter des plus grands rendez-vous économiques pour la faire respecter. »

L'Ultime Leçon de Bruxelles : Prioriser l'Unité Nationale

L'espoir est que le Président Tshisekedi tire de cette expérience une vérité ultime : la main la plus importante à tendre n'est plus celle qui se dirige vers des forums internationaux ou vers un agresseur indifférent aux pertes congolaises.

La main décisive, celle qui construira une paix et une souveraineté invincibles, est celle qu'il doit tendre à son propre peuple.

Le moment est venu d'ouvrir grand les portes du palais à toutes les forces vives de la nation :

  • Les confessions religieuses (CENCO et ECC) pour leur sagesse et leur feuille de route.

  • Des figures d’intégrité et de compétence telles que Valentin Mubake et le Dr Denis Mukwege (pour son autorité morale).

  • L'ensemble de la classe politique et des acteurs militaires, de Joseph Kabila à Moïse Katumbi, en passant par Martin FayuluCorneille Nangaa et d'autres groupes armés, pour forger une unité nationale inébranlable.

Un Congo uni, parlant d'une seule voix, sera bien plus redoutable et convaincant dans n'importe quel forum international qu'un Président seul, aussi éloquent soit-il. En priorisant la réconciliation interne, Félix Tshisekedi bâtirait la base de puissance qui lui permettra, demain, de dicter les termes de tout partenariat économique.

Bruxelles aura peut-être enseigné au Président que la source de sa plus grande force n'est pas dans les capitales étrangères, mais dans le cœur de tous les Congolais.

Gilbert Kabongo Kakunga 

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