Tshimbulu, Kasaï-Central, RDC – Des associations de jeunes et des habitants de Tshimbulu ont récemment organisé une marche pour réclamer un Décret Présidentiel reconnaissant leur localité comme la deuxième ville de la province du Kasaï-Central. Bien que cette démarche témoigne d'une aspiration légitime, il est crucial que les résidents et les autorités locales s'engagent dans une auto-évaluation rigoureuse pour s'assurer que la cité satisfait aux multiples critères requis pour obtenir ce statut. L'obtention de la reconnaissance officielle de Tshimbulu en tant que ville dépend de la convergence de facteurs administratifs, démographiques et infrastructurels.
Les Cinq Obstacles Majeurs à l'Érection de Tshimbulu en Ville
L'élévation d'une localité au statut de ville en République Démocratique du Congo (RDC) est encadrée par des critères stricts définis par la loi et l'administration. Voici les principaux défis qui retardent l'officialisation du statut de Tshimbulu :
1. Raisons Juridiques et Administratives
L'obstacle initial est purement procédural. La Loi n°08/016 du 7 octobre 2008 encadre les Entités Territoriales Décentralisées (ETD). Pour qu'une localité devienne une ville, un Décret Présidentiel est requis, émis sur proposition du Ministre de l'Intérieur, après consultation du Gouverneur de Province. À ce jour, cette formalité légale n'a pas été accomplie, laissant Tshimbulu au statut de cité ou localité.
2. Critères Démographiques Non Atteints
Un facteur essentiel est la population. Les normes du Ministère de l'Intérieur exigent qu'une localité atteigne un seuil démographique minimum, souvent fixé autour de 100 000 habitants, bien que ce chiffre puisse être ajusté selon les spécificités provinciales. Bien que Tshimbulu connaisse une croissance, elle n’a pas encore franchi ce seuil critique, ce qui constitue un blocage légal majeur.
3. Infrastructures et Urbanisation Insuffisantes
Pour justifier son statut de ville, une cité doit présenter des signes clairs d'urbanisation et de capacité de gestion municipale. Il faut notamment :
Un plan d’urbanisme formellement approuvé.
Des infrastructures urbaines adéquates : routes asphaltées, hôpitaux fonctionnels, établissements scolaires de qualité, et des réseaux d'eau et d'électricité fiables.
Une administration municipale capable de générer des recettes locales et d'assurer l'ordre public (Police urbaine).
Actuellement, Tshimbulu conserve des caractéristiques de développement semi-rural, avec une urbanisation limitée et des déficits d'infrastructures qui ne correspondent pas aux exigences d'une ville moderne.
4. Facteurs Économiques et de Capacité Fiscale
Le statut de ville implique des charges financières substantielles (salaires administratifs, équipements, planification). Tshimbulu doit encore développer une base économique solide – incluant l'industrie et un commerce formel structuré – capable de générer des recettes fiscales locales stables et de supporter les coûts de son administration urbaine.
5. Contraintes Politiques et Administratives
Enfin, des facteurs politiques exogènes peuvent retarder le processus. Une centralisation excessive des décisions à Kinshasa, des priorités gouvernementales divergentes, ou un manque de pression politique concertée peuvent ralentir l'émission du décret tant attendu.
Conclusion : L'Action Locale Doit Précéder la Reconnaissance
En résumé, la reconnaissance officielle de Tshimbulu en tant que ville est freinée par l'inadéquation à l'ensemble des critères légaux, démographiques et infrastructurels édictés par la législation congolaise.
Le message aux habitants est clair : la marche citoyenne est un appel à l'action, mais l'étape suivante nécessite une mobilisation proactive sur le terrain. En s'attaquant prioritairement au développement de leurs infrastructures et en stimulant leur croissance démographique et économique, les résidents de Tshimbulu augmenteront considérablement la probabilité que les autorités de Kinshasa reconnaissent officiellement leur cité. L'avenir de Tshimbulu comme ville passe par l'engagement concret de ses propres forces vives.
Gilbert Kabongo Kakunga
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