KINSHASA, RDC – 2 Novembre 2025 – Le rappeur belgo-congolais Damso a rendu publique une lettre ouverte adressée au Président de la République Démocratique du Congo, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Se positionnant comme un « fils de la République » et un « témoin du désastre », l'artiste dénonce avec une virulence remarquable la corruption systémique, l'insécurité à l'Est et l'échec de la gouvernance dans des secteurs clés.
Le Cri de la Diaspora : Trahison et Désillusion
Damso, voix influente de la diaspora, affirme écrire non pas en opposant mais au nom d'une jeunesse dispersée qui porte « la honte, la colère et la douleur de voir son pays trahi ». Il exprime la désillusion d'une « nation riche mais pillée, vaste mais abandonnée ».
L'artiste a articulé ses critiques autour de plusieurs axes majeurs, jugeant que les promesses du Chef de l'État n'ont pas été tenues :
1. Justice et État de Droit
Damso dénonce une justice devenue un « marché » qui « protège les puissants et écrase les pauvres ». Il fustige le fait que les prisons soient pleines de « voleurs de pain » tandis que les « voleurs du pays écrivent les lois ».
2. Corruption Arrogante
Il estime que la corruption « n'a jamais été aussi visible et aussi arrogante ». Selon lui, elle a « changé de costume mais pas de visage » et « siège dans les ministères, signe les décrets et se cache derrière les alliances politiques. »
3. Urgence de l'Est
L’artiste rappelle le fossé entre Kinshasa et l'Est du Congo : « Pendant que les discours se multiplient à Kinshasa, les bombes tombent sur Goma, Beni et Ituri. » Il dénonce l’ouverture des frontières « comme nos plaies » et affirme que le sang de l'Est est devenu une « marchandise ».
4. Santé et Éducation
Dans un pays au sous-sol inestimable, il s'indigne de voir des hôpitaux « fonctionner encore à la bougie ». Il critique la gratuité de l'école qui, sans enseignants payés ni encadrement, n'a produit que « désordre et illusions ».
5. Économie et Pauvreté
Face aux rapports de croissance, Damso oppose la réalité du peuple congolais qui « survit avec moins de deux dollars par jour », soulignant que les richesses nationales « enrichissent d'autres nations ».
« Un Cri Sourd, Né de la Fatigue d'un Espoir »
Le rappeur conclut sa lettre en précisant que son message « n'est pas une insulte », mais un « cri sourd » né de la « douleur de celui qui a trop cru ».
Il lance un appel final, respectueux mais ferme, pour une « gouvernance honnête, juste et déterminée », implorant le Président d'agir pour « redonner foi au peuple avant que l'espoir ne se taise à jamais. »

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